Monsieur ROBERT
Par une belle journée de septembre 1955, je me trouve dans la cour du lycée Berthelot pour ma première journée « chez les grands »; le petit toulousain de 10 ans n’en mène pas large alors que les « anciens » de 5ème nous couvrent de sarcasmes; arrive alors notre premier professeur, Mr. Robert, avec calme et fermeté, il nous fait mettre en rang et nous fait entrer dans la classe. Il nous explique alors les règles de fonctionnement de ce monde nouveau. Cette image, si ancienne, reste gravée dans ma mémoire; j’ai découvert et aimé ce jour-là ce professeur exemplaire qui a essayé, le plus souvent en vain hélas, de faire entrer dans nos petites têtes les subtilités de la langue de Goethe. Il est vrai qu’en ce temps-là on mettait les bons élèves en cours d’allemand pour qu’ils soient dans une classe à faible effectif, pas vraiment pour qu’ils deviennent germanophiles.
Pendant mes 7 ans de vie berthelotine, j’ai eu de nombreuses fois (4 ou 5 ?) ce cher Mr. Robert comme professeur en alternance avec le plus « germanique » Mr. Streicher; au fil des ans, outre le respect qu’on portait en ce temps-là à nos maîtres, j’ai découvert un homme affable, cultivé et… fanatique de football; étant un ardent joueur de foot (mon père m’interdisait de jouer au rugby…), j’ai même eu l’honneur en 1962 de jouer avec Mr. Robert dans l’équipe prof-pions, avec son fils Jean-Jacques, trop tôt disparu, je viens de l’apprendre, et quelques célébrités berthelotines comme Del Tedesco et Peybernès, la photo ci-jointe le montre.
Puis le temps a passé, Toulouse s’est éloigné, j’ai eu de temps en temps des nouvelles de Mr. Robert par une autre gloire de l’époque, Mme Ducamin (j’ai travaillé de longues années avec son gendre, heureusement elle a eu la bonté de ne pas se souvenir des chahuts mémorables pendant son cours) et je me suis souvent promis de revoir Mr. Robert et de lui raconter l’importance que lui et quelques autres professeurs de Berthelot ont eu pour moi, mais… plus tard, trop tard !
Je pense que le meilleur hommage que l’on puisse rendre à Mr. Robert et autres professeurs disparus (je pense à Mr. Floris) est de souhaiter très ardemment aux élèves actuels et futurs d’avoir des maîtres de cette valeur.
Michel NAYLIES (Berthelot 1955-1962)
Debout : M. Roberts,X, M. Naylies, X, X, P Del Tedesco, M. Streicher, M. Berneyron Accroupis : J.J. Robert, Léonard, G. Peybernès, R. Labatut, X